PEXONNE, 27 Aout 1944…

histoire des 112 otages de cette tragique journée

BACCARAT, casernes HAXO

Written By: Guillaume MAISSE

De l’arrière des camions, les  109 hommes, inquiets, jettent un dernier regard vers leur village, et leurs proches qui les regardent partir avec stupeur.

Où va-t-on ?

Les camions empruntent la direction de Raon l’Etape. Pour quoi faire ?

Très vite le convoi s’immobilise à Neufmaisons alors que la Mairie-Ecole est en feu. Les allemands ont en effet découvert l’émetteur-radio caché dans l’école. L’institutrice, Mme GADAT, sa sœur, Mlle ANTOINE, l’instituteur, M. DESCHAMPS, son frère et les trois opérateurs sont arrêtés et embarqués dans les camions. Ils sont maintenant 116 à bord de ces camions Opel-Blitz, quand le convoi redémarre.

Ceux qui sont à l’arrière reconnaissent l’église de Raon l’Etape. Arrivé à la mairie, le convoi tourne à droite et prends la direction de Lunéville.  Il fait chaud. A l’inquiétude de ne pas savoir ce qu’il adviendra d’eux, s’ajoute la faim, qui se fait sentir. Beaucoup n’ont même pas eu le temps de prendre leur petit-déjeuner, il est près de 14h00.

Après Bertrichamps, le convoi arrive à Baccarat. Les camions s’arrêtent à l’entrée de la petite ville et les hommes sont déchargés. En colonne, en rang par trois, ils traversent la ville, encadrés par les SS armés de mitraillettes, jusqu’aux casernes Haxo à l’autre bout du bourg.

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Les casernes Haxo, qui ont longtemps abritées le 20ème Bataillon de Chasseurs à Pied, ont été transformées depuis la guerre en un Durchlag, camp de transit, où sera interné Jean-Paul Sartre.

Commence alors pour eux le temps de l’attente, gardés à vue dans le magasin à fourrage. Le fils NAGY, sera immédiatement relâché avec un coup de pied aux fesses, du fait de son jeune âge; il n’a que 14 ans. Il rentrera seul à pied à Pexonne.

Roger DUMOUTIER est conduit au siège du SD, à l’Hôtel du Pont, où il sera interrogé, comme Mme GADAT.

Les premiers interrogatoires commencent : l’occupant reproche à M. de VITRY de ne pas  avoir suffisamment encadré politiquement ses ouvriers ! Au maire, on lui reproche d’autoriser  la population à se promener armé dans le village les armes à la main. Quant à l’instituteur, M. GUERY, on le soupçonne compte tenu de son passé militaire pendant la Grande Guerre d’être le « Capitaine du Maquis ». Louis PERDON les fera s’aligner et relèvera l’âge et la profession de chacun d’entre eux. Les prisonniers sont tour à tour interrogés, la Gestapo étant persuadée que des résistants se cachent parmi eux. Commencent alors 3 jours et 3 nuits d’angoisses.

Après une première nuit de captivité, à même le pavé, le bombardement, dès 8h30 ce 28 août, par l’aviation américaine d’un convoi  allemand chargé de munition et stationné en gare de Saint Clément, à moins de 15 km,  a dû redonner à ces  hommes, l’espoir d’une libération imminente. La Croix Rouge de Baccarat sera finalement autorisée à distribuer de la nourriture, car rien n’a été prévu. Ce sont les filles d’un directeur de la cristallerie, Marie-France, Jeanne et Guénolée de Saint-Pierre qui s’occuperont des prisonniers. Liées d’amitié avec Monique de Vitry d’Avaucourt elles parviennent à l’introduire à l’intérieur  de la caserne Haxo, revêtue de l’uniforme de la Croix-Rouge. Monique réussira à parler avec les prisonniers, tout en distribuant la nourriture, et reviendra avec une liste de 40 familles à contacter pour faire disparaître des pièces compromettantes. Afin de ne pas éveiller les soupçons des gardiens, Monique saluera son père, comme s’il s’agissait d’un étranger.

Sans explication, neuf prisonniers sont alors libérés. Quant aux autres, ils sont répartis en trois catégories: ceux de Pexonne, puis les étrangers à la commune de Pexonne, et enfin les plus âgés.

Deux jours de suite, Colette CHAUDRON et Marguerite CHANAL viendront aux casernes Haxo, chargées de colis, dans l’espoir de voir, l’une son frère, l’autre son mari. Mais en vain. Le soldat de faction à l’entrée de la caserne prendra certes les colis, mais ne les laissera pas les rencontrer.

Le mardi 29 août, après une expédition sur Domèvre, afin de mettre la main sur l’Abbé STUZMANN, qui leur échappera une fois de plus, les allemands ramène deux nouveaux prisonniers:  MM. BERTRAND père et fils, arrêtés à la cure.

Mais lorsque les allemands apprennent que les gendarmes de Badonviller ont pris le maquis, suivis par de nombreux jeunes des environs qui ne veulent pas connaître le sort des habitants de Pexonne, l’occupant s’en prend alors aux captifs de Pexonne et désigne arbitrairement 79 hommes pour être déportés auxquels sont rajoutées Mme ROBERT et ses deux filles.  Nous sommes alors le mercredi 30 août au matin et il est  9 h00,  lorsqu’ils embarquent à bords de bus, direction Sarrebourg, d’où ils prendront le train pour Rothau avant d’atteindre le Struthof à pied..

Ce même jour, François ANDREANI, chef de bureau à la  sous-préfecture  de Lunéville, sollicité par deux conseillers municipaux de Pexonne (GEGOUX et NOEL), obtiendra la libération de 20 des prisonniers de Pexonne,en les appelant par ordre alphabétique, sur les 22 encore retenus. Georges de WILLERMONT, maire de Pexonne et Humbert SPINOZZI, les derniers par ordre alphabétique, du fait de l’arrestation du père et du fils BERTRAND ne feront pas partie des libérés. Ils seront fusillés avec Roger DUMOUTIER  le 1/09/1944 en lisière de la forêt de Grammont sur la route de Merviller.

Modèle d’un Opel-Blitz:

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NDLR: Nous recherchons des informations sur les troupes allemandes stationnées à Baccarat et Celles sur Plaine. 

 

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